Télécharger Joe Dante : L'art du je(u), by Frank Lafond

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Joe Dante : L'art du je(u), by Frank Lafond

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Détails sur le produit

Broché: 222 pages

Editeur : Rouge profond (4 novembre 2011)

Collection : Raccords

Langue : Français

ISBN-10: 2915083460

ISBN-13: 978-2915083460

Dimensions du produit:

21,5 x 1,3 x 15,7 cm

Moyenne des commentaires client :

4.5 étoiles sur 5

2 commentaires client

Classement des meilleures ventes d'Amazon:

453.198 en Livres (Voir les 100 premiers en Livres)

Si l'on aime le cinéaste et qu'on s'intéresse à son travail, ce livre est indispensable !! Pour les autres, il vous amènera à découvrir le travail de Joe Dante sous un angle que vous ne soupçonniez probablement pas...Excellent ouvrage !

A présent que les docteurs en cinéma s'intéressent à tous les genres, le moindre auteur - ou estampillé comme tel - a droit à une étude sérieuse. Lorsque le sujet est comme c'est le cas avec Joe Dante à la fois reconnu comme un auteur à part entière et depuis longtemps marginalisé par l'industrie, la démarche semble a priori se justifier pleinement. Reste à constater si l'auteur va convenir au sujet, autrement dit savoir être assez analyste pour ne pas enfiler des platitudes, sans pour autant faire preuve d'un pédantisme on ne peut plus en décalage avec ses objets d'étude. Frank Lafond s'acquitte à la perfection de la tâche qui consiste à tout prendre au sérieux et à étudier l'oeuvre sans la prendre par-dessus la jambe, tout en ne versant pas dans l'analyse jargonnante n'ayant plus qu'un rapport très lâche avec les films.L'essentiel de son étude tournant autour de la notion d'intertextualité, ce n'était pourtant pas chose facile. Certes, Lafond appelle à la rescousse Julia Kristeva ou Antoine Compagnon, et établit des distinctions entre les différentes formes d'intertextualité que l'on peut trouver dans les films de Joe Dante, tant le phénomène lui semble central pour les comprendre. Mais à aucun moment il ne perd de vue les films - un certain nombre d'entre eux étant beaucoup moins connus, ou tout simplement peu visibles, il n'oublie pas de décrire ce qui est nécessaire - et il ne se noie par ailleurs donc jamais dans le jargon.Après un détour par la formation de Dante, sa formation cinéphilique et son activité de critique pour des fanzines et magazines professionnels, Lafond piste dans les premiers films les façons qu'a Dante de faire ressortir sa mémoire de cinéphile. Petit à petit, il fait émerger le réseau d'allusions, citations, références et autoréférences que tissent les films. Bien loin d'empiler des références pour elles-mêmes, ce que Lafond met en évidence et en perspective permet d'éclairer ce qui irrigue en profondeur les films de Dante - son amour des films de genre, sa volonté de jouer avec le passé du cinéma - mais donne aussi un exemple grandeur nature de comment un cinéaste cinéphile tel que lui a pu travailler au coeur de l'industrie tout en étant fondamentalement marginal. Rappelons que Dante a dû son heure de gloire à son producteur Steven Spielberg, qui certes l'aura défendu à l'occasion mais aura dès Gremlins cherché à adoucir la partie subversive du scénario et de l'apport du metteur en scène. Non seulement la plupart des films de studio de Dante auront été modifiés, voire montés ou charcutés contre l'avis de leur metteur en scène (Explorers,The 'Burbs / Les Banlieusards), mais avec les années 90 il est devenu évident aux yeux de tous - au premier chef des producteurs et financiers - que le mauvais esprit et les jeux cinéphiliques de quelqu'un comme Dante n'étaient plus de saison. Y compris lorsque la Warner confie à Dante un film cartoonesque, dans l'esprit d'un Chuck Jones ou d'un Tex Avery (Les Looney Tunes passent à l'action), il ne faut pas qu'il aille trop loin, et il apparaît avec ce film non seulement qu'il signale les bornes du réalisateur, le trop-plein référentiel trouvant ses limites, mais aussi que le studio n'a pas eu assez confiance dans le fait qu'il fallait quelqu'un comme Dante pour retrouver un peu du potentiel de délire et de jeu avec le spectateur auxquels se livraient sans trop de retenue Jones et Avery. Evidemment, c'est aussi avec la cinéphilie de Dante - en partie bloquée dans les années 50 et 60, celles de sa jeunesse - que les studios ont un problème, la dictature de la nouveauté à tout prix mise en place dans les années 80 n'ayant pas à s'encombrer de références de ce type.Joe Dante a en partie éclairé sa cinéphilie - et celle d'une partie de sa génération - dans Matinee / Panic sur Florida Beach (ressorti dans une excellente édition dvd et blu-ray chez Carlotta cet été), et Frank Lafond met parfaitement au jour les racines et la façon dont elles affleurent dans ses films. Il explique également très bien comment, alors que dans les années 80 le néo-conservatisme reaganien se traduit au cinéma par un retour vers le modèle des années 50, celles-ci restent plus ambivalentes chez Dante : période quelque peu idéalisée de sa propre formation, il sait toutefois en épingler le conformisme, la paranoïa, etc. Lafond prouve également bien que la subversion des codes passe aussi chez Dante par la façon dont il refuse la répartition des rôles sexués et autres codes plus ou moins tacites et conservateurs qui se sont figés dans les années 80.Une des forces de ce livre, en dehors de la façon dont il éclaire le travail et l'oeuvre de Joe Dante, c'est ce qu'il exprime plus ou moins explicitement à propos de toute une génération de metteurs en scène américains et de leur rapport à l'industrie (sans pour autant instrumentaliser le cas de Dante et ce qu'il a de spécifique). Plus directement en rapport avec le sujet, sa réussite tient aussi à la façon qu'il a d'utiliser les réponses que lui a faites le metteur en scène sur un certain nombre de questions dans le corps du texte, toujours à propos. Il n'oublie pas les oeuvres les plus lointaines ou confidentielles, qui trouvent pleinement leur place dans le corpus. Reste ce qui pour moi constitue une faiblesse : quitte à étudier le potentiel subversif de Dante sans s'en tenir à son "allusionnisme", il aurait peut-être fallu étudier plus en détail les oeuvres plus ouvertement politiques, en particulier celles réalisées pour les chaînes câblées dans les années 90 et 2000 : The Second Civil War et Masters of horror : Homecoming / Vote ou crève, voire Small Soldiers, tous sous-utilisés. C'est d'autant plus dommage que cela aurait pu venir dans la continuité de l'étude précise que fait Lafond du méconnu The 'Burbs et de son mauvais esprit absolument pas en phase avec la clôture de la décennie Reagan/Bush Senior. Même si l'essentiel de ce qu'apporte Lafond est ailleurs, on a vraiment l'impression qu'il manque une partie pour que le livre devienne la contribution complète sur l'art du je(u) dantesque qu'elle aspire à être. Cela étant, le tout reste passionnant, et s'avère être le complément essentiel de Joe Dante et les gremlins de Hollywood, paru il y a une douzaine d'années aux Cahiers du cinéma et bénéficiant d'entretiens au long cours.Dernier point pour signaler une nouvelle fois le très remarquable travail des éditions Rouge Profond. La mise en page élégante de leurs ouvrages n'a d'égale que l'intérêt du choix des photogrammes - ici particulièrement bienvenus, tant l'analyse de Lafond repose souvent sur des détails et des allusions passagères, la capture d'écran permettant de faire répondre texte et image de façon productive. Seule chose que j'ai du mal à comprendre : pourquoi, alors que toutes les images sont en N&B pour les 130 premières pages, le couleur apparaît-elle sur une vingtaine de pages, pour à nouveau disparaître? Quoi qu'il en soit, cet éditeur continue à nous donner des livres de grande qualité, dont on espère qu'ils rencontreront un lectorat suffisant afin qu'il continue à nous régaler d'ouvrages de ce type. Rappelons à toutes fins utiles que Rouge Profond s'est lancé avec Pierre Berthomieu dans l'édition d'une somme exceptionnelle sur le cinéma hollywoodien et ses évolutions esthétiques : Hollywood classique - Le temps des géants et Hollywood moderne - le temps des voyants. Deux indispensables, et bientôt trois (sortie à l'automne 2012, apparemment) : la dernière partie sur les évolutions récentes, promet d'être également passionnante.

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